Circulation : la mairie contrainte de reculer face à des riverains de la Devèze dans leur bon droit



L’affaire du trafic routier au coeur du quartier résidentiel de la Devèze, c’est, pour la maire de Montferrier, l’histoire de l’arroseuse arrosée. Entre le chantier du tramway à hauteur du rond-point de Girac et le pont de la route de Mende fermé pour cause de travaux jusqu’à fin juin, une intense circulation s’est déportée sur le chemin de Cantagrils qui passe, notamment, par le quartier de la Devèze. Sauf que cette voie, qui traverse des parcelles des communes Montferrier-sur-Lez et Saint-Clément-de-Rivière, appartient en partie au lotissement privé de la Devèze construit en 1969, et qui compte aujourd’hui 106 maisons. Conséquence de ce report du trafic : la circulation s’est tellement intensifiée que les 450 habitants de ce quartier regroupés au sein de l’Association syndicale libre (ASL) ont décidé, en assemblée générale, de fermer la portion privée du chemin de Cantagrils.
Ni une ni deux, le 14 avril 2025, des blocs de béton barrent la route et les automobilistes qui avaient pris l’habitude de rejoindre le boulevard de la Lironde en traversant la Devèze sont contraints de faire demi-tour. On ne passe plus. Dès lors, l’affaire va se jouer en quatre actes.
Premier acte : la mairie envoie la police municipale constater la situation et se lance dans une communication hasardeuse sur son site : « Information circulation : route fermée ». Et la Ville d’expliquer que « le positionnement de cet obstacle en béton a été effectué sans autorisation (…) sur une voirie qualifiée de voie ouverte à la circulation ». Dans la presse locale, la municipalité annonce aussi un dialogue en cours avec l’ASL. Sauf que la voie est privée, et de dialogue il n’y a point. La preuve dans Midi Libre : de source policière, « il y a eu aucune rencontre pour le moment avec l’ASL », écrit le quotidien.
Acte 2. Le 16 avril, la mairie tente de passer le cadeau empoisonné à la Métropole et lui demande d’intervenir rapidement pour installer une signalisation appropriée afin d’informer et de sécuriser le passage d’usagers empruntant l’itinéraire. Nouveau raté. Le vendredi 18 avril 2025, la Métropole intervient… non pas pour sécuriser l’accès de cette voie privée, mais pour y installer, cette fois, des panneaux fixes de voie à sens unique.
Acte 3. Patrick Poncet, le président de l’ASL, remet les pendules à l’heure : « Nous sommes chez nous et on fait ce qu’on veut (…) Jusqu’à présent, on était dans une dynamique de laisser ouvert, mais pour des enjeux de sécurité, je dois fermer. »
Et le président Poncet de rappeler que le projet a été mûri pendant trois ans et que deux barrières électriques d’un coût de 80 000 € seront bientôt installées sur les chemins de Cantagrils et de la Séranne. Quant aux rapports avec la mairie, la vérité se lit dans les faits : il y a plusieurs semaines, l’association des habitants de la Devèze avait pris soin de poser des panneaux amovibles afin d’informer les automobilistes que le chemin de Cantagrils allait devenir une impasse. « A la demande de la mairie, ces panneaux temporaires ont été enlevés (…) C’est l’incompréhension sur une commune qui n’écoute pas ses citoyens », râle M. Poncet. Nouveau camouflet pour Mme la maire : à Cantagrils, les nouveaux panneaux « sens interdit » sont définitifs !
Acte 4. Sûre de son bon droit, l’ASL met son plan « sécurité » en action. Mi-mai, les barrières automatiques sont installées. Elles entreront en fonction début juin. Via un badge personnalisé, le système laissera passer les voitures des habitants de la Devèze, ainsi que les véhicules de service.
Si le trafic routier se limitera donc aux « co-lotis » de ce quartier privé, l’ASL laisse la possibilité aux piétons et aux cyclistes d’emprunter les chemins de la Séranne et de Cantagrils par un passage aménagé près des barrières. Sauf à habiter sur place, il faudra donc marcher ou pédaler pour traverser le périmètre. Mme la maire aussi. A moins qu’un élu de la majorité municipale, heureux coloti de la Devèze, ne lui prête le fameux badge de la polémique…